Un Nouveau Corps Social

UN NOUVEAU CORPS SOCIAL

En tant qu’écrivain dit « undaground » ( aucune idée de ce que ça veut dire, à part peut-être en fin de mois), on m’a demandé de commencer à écrire un texte où j’afficherai (avec des punaises ?) mon soutien aux gilets jaunes, pour ensuite le faire circuler auprès d’autres écrivains ou artistes ou plombiers ou décorateurs de pots de yaourts le dimanche, qui eux-mêmes feront circuler ce petit texte pour que d’autres personnes encore… bref, vous m’avez compris…

Bon, j’ai dit oui parce que je suis un type gentil, et parce que je trouve inquiétant le silence des artistes, le peu de soutien aux Gilets jaune de la part des écrivains, chanteurs, et caetera. Personnellement, TOUS les gens que je fréquente (artistes ou pas) soutiennent d’une manière ou d’une autre les Gilets Jaune. Tout simplement parce que je fréquente des gens qui ont, généralement, un niveau de conscience de la situation plus élevé que celui de macron, qui a quant à lui, vraisemblablement, l’intelligence complexe d’une endive.

Ce qui ne serait pas grave en soi. Dans son monde de réalité virtuelle, ne pas réfléchir est une prérogative pour faire carrière. S’il dirigeait une entreprise de construction à Sanary-sur-mer, une agence immobilière rue Boulainvilliers ou une chocolaterie au Touquet, bon. Ça porterai moins à conséquences.  Mais ce petit homme au cœur sec et au joli sourire d’automate a choisi, par défaut peut-être, de se lancer dans la politique, jusqu’à finir par obtenir, suite à un coup d’état financier allié à une propagande digne de rien du tout, le job de président. C’est alors qu’au contact du pouvoir il s’est révélé extrêmement fragile psychologiquement, développant la dangerosité et l’aveuglement soumis d’Eichmann cumulé à la bêtise reptilienne de Milton Friedmann. A sa décharge, il est tombé – il tombe, pardon – à un moment de l’Histoire où la civilisation occidentale s’effondre, et où s’effrite du même coup le masque démocratique de son commanditaire, (l’oligarchie de l’ultra-libéralisme) pour laisser apparaître que « la main invisible du marché » tient bel et bien un fusil Dassault (bon, on le savait, mais maintenant ça se voit.)

Ah oui, j’ai oublié de vous dire : j’explose tous les jours le point Godwin. Ce à quoi nous sommes confrontés derrière le pantin perlimpinpin et sa non-politique n’est pas le nazisme, certes. Cependant le système économique, idéologique darwinien psychiquement archaïque totalitaire, absurde et dénué de sens auquel nous faisons face est bel et bien, historiquement, une mutation du fascisme « à l’ancienne ». Il s’agit bel et bien de l’extension de la chambre à gaz à effet de serre au niveau mondialisé. Si vous n’en êtes pas convaincu, aucun problème pour moi, mais s’il vous plaît, passez votre chemin et retournez à vos petites affaires, votre déni et votre ignorance de la situation. Si nous attendons que les « braves gens modérés rationnels et démocratiques » ouvrent un tant soit peu les yeux (et arrêtent de préférer croire que le fascisme est à venir avec l’élection prochaine d’une Le Pen alors que le méta-fascisme est déjà au pouvoir partout dans le monde, au-delà et au- dessus d’une sphère politique dont l’extrême-droite est une pièce parmi d’autres sur l’échiquier) nous serons tous borgnes comme Jean-Marie, en tôle pour sédition, ou assassinés.

Je ne m’adresse pas à vous aujourd’hui dans le but de débattre, car comme le dit Pacôme Thiellement, le débat rend con, il est l’inverse d’un dialogue et d’un échange, et c’est de poésie enflammée, d’un autre langage et surtout d’un autre paradigme dont nous avons aujourd’hui besoin. Et aussi, qu’on nous foute la paix, s’il vous plaît, avec la « Défense de la Démocratie ».

Allez dire ça aux gens qui y ont laissé un membre ! Allez leur demander, un peu, où elle est la Démocratie ! Allez demander aux nanas tabassées, aux petits vieux et vieilles humiliés, à tous les autres qui y sont, dans les manifs. En 2019, la Démocratie, en France, à part la tentative actuelle de rechargement de ses symboles et de sa définition par le Peuple Insurgé, ça ne veut plus rien dire.

Je persiste et je signe, nous sommes sous un régime totalitaire, au sens strict. Un totalitarisme inédit, biaisant, tordant le sens des mots et détruisant le langage, les corps et les esprits comme un virus spongieux transformant les cervelles en moules du bouchot. C’est de la dés-hypnose qu’il nous faut ! Des groupes de paroles, d’échanges, synergiques, de résistances à la violence psychologique et physique du système ultra-libertarien …ah, ces abrutis qui viennent te soutenir qu’il n’y a pas de « système » ! des négationnistes pur et dur, ceux- là !… Et c’est évidemment par ceux-là, les réactionnaires bloqués au 18éme siècle, que les véritables progressistes se font insulter et traiter de… devinez ?

…De réactionnaires bloqués au 18éme siècle bien sûr !

Ce qui est logique, car la plupart de ceux ne saisissant pas ce qui se passe actuellement dans le pays utilisent une grille de lecture politique datée, cherchent dans la panique à comparer le mouvement des Gilets Jaune à 1789 (cette révolution remportée par la bourgeoisie), y font planer et calquent sur les GJ le spectre de leurs angoisses, de leur nihilisme, de leur extrémisme …c’est-à-dire font l’aveu, dans un terrible effet miroir déformé, de l’état désagrégée de leur âme et de leur humanité.

Ils projettent sur les Gilets Jaune ce qu’ils sont en réalité incapables, justement, de comprendre : qu’il ne faut rien projeter dans ce mouvement, car il est exactement moderne, exactement innovant, exactement quantique, exactement vivant, exactement en mouvement, exactement ce qu’il nous faut. Oui, d’où que nous le regardions, quel que soit l’angle que nous choisissions, nous ne verrons jamais que ce que nous voulons y voir : nous-mêmes. Nos peurs, nos rêves, notre grandeur, notre médiocrité, notre petitesse, notre haine, notre Amour. Je laisse donc les pauvres de cœur avec leurs consciences, leurs stalinismes, leurs fascismes, leurs champs des potentialités et surtout leurs imaginaires étriqués.

C’est d’une tentative de bifurcation dont il est question aujourd’hui, dans ce pays. Que cela réussisse ou pas n’est ni le problème ni la question. C’est en cours, et c’est génial. Car quoi qu’il en soit, à la fin, la Vie gagnera, car elle seule est le sens, le Tao. C’est l’entre deux, le clair-obscur que nous avons à vivre. Dans tout ce qu’il a de terrifiant et de grandiose. Car la situation est si gravissime que beaucoup d’entre nous, sans conscience, justement, de ladite situation, risquent bien, si ce n’est pas déjà fait, d’y perdre l’esprit après y avoir perdu l’émotion le langage et le cœur. Regardez ce qu’il est advenu de Luc Ferry.

Ma foi (prononcer à la Marseillaise), puisque le totalitarisme auquel nous sommes confrontés est inédit, la réaction des peuples, de la société civile mondiale l’est également. Donc notre pensée face à la situation doit l’être aussi, si elle espère être digne de la révolution en cours.

L’être Humain est complexe, fait de paradoxes, rempli de contradictions. Et c’est dans le conflit, la confrontation, qu’il peut dépasser puis unifier ses paradoxes, car le conflit est le seul moyen d’accéder au soi-disant « impossible », à une synergie, à la résolution de la crise intérieure, symbolique. Ce qui nous incombe, collectivement, c’est d’affronter le réel derrière la poussière de l’ancienne structure idéologique détruite.

…Méthode de survie en territoire zombie, quoi…

Mais attention ! Le problème, c’est que le « réel », tout le monde s’en gargarise pour justifier sa pensée. Idem pour « la raison ». Et la « logique ». Le « réel  » n’est bien trop souvent qu’un postulat concernant le réel, tenu pour vérité ontologique.

Ne pas fuir le réel, affronter le réel, sauver le monde, c’est déjà accepter de remettre sa pensée en mouvement. Pour saisir le réel de notre époque, il nous faut être philosophe au sens de Deleuze : c’est à dire créateurs de concepts. Et justement, notre époque appelle à corps et à cris de nouveaux concepts.

Commençons donc par ne pas analyser, ne pas juger, mais par laisser s’exprimer ce qui doit s’exprimer pour comprendre et avoir la compréhension de la situation et des forces en présence.  Reprenons le territoire à la base, soyons la culture, cessons de nous diviser, de croire à leur jeu de dupe entre extrémistes et progressistes, de nourrir la machine et les réseaux sociaux de leurs mets préférés : la division et l’agressivité. Soyons politiques, oui, vraiment, et enfin. Et poétiques !  Soyons POETICIENS !

Tout système fondé sur la peur, tout système fermé sur lui-même finit toujours par s’effondrer, et c’est ce que nous vivons actuellement. Pas la fin du monde, la fin d’un monde, la chute d’une civilisation. Un parmi d’autres, une parmi d’autres. Ce n’est pas la première fois, et c’est inhérent au vivant, au mouvement néguentropique (la néguentropie est un mouvement luttant contre l’entropie, c’est-à-dire la perte d’énergie d’un système, en créant une bifurcation, un imprévu, un changement nécessaire). C’est ce qui se produit lorsqu’un système devient trop hégémonique, n’est plus contrebalancé par rien. C’est ce qui arrive quand la grenouille veut se faire aussi grosse que le bœuf. Quoi que l’on tente de nous faire croire, rien ne peut tromper un cœur pur : il n’y a pas de secret, il n’y a pas de mystère.

Le bas empire romain mit deux siècles à disparaître. L’idéologie ultra-libertarienne « capitaliste » (ou, disons, allez, l’anthropocène), obsédée par la vitesse, le moi, l’individualisme, semble bien décidée à ne pas prendre autant de temps pour s’autodétruire. Sa psychopathologie criminelle n’est plus latente, mais avérée.

Alors accrochons notre ceinture, car nous sommes en train de passer la frontière séparant le monde à l’agonie du monde vivant en Go Fast. Et, bien sûr, ils vont continuer à tirer. Et tirer pour tuer. Mais nous ne lâcherons rien, parce que nous n’avons pas le choix. Parce que nous sommes la Vie. Parce que nous sommes déjà demain. Parce que nous partons dans l’azur étoilé, parce que le réel pouvoir est de notre côté, parce qu’ils ont perdu la raison. Parce qu’ils sont fous. Et qu’au final, nous sommes leur remède.

Allez, allez, nous avons un monde à construire, à laisser advenir, dans l’échange, le don, le partage, l’écoute, la bienveillance, la fête, la danse, la lumière et le soin. Ce texte n’est pas un « grand débat », ce texte est une tentative de nouvelle constitution pour l’être humain en lutte, une synergie d’âmes agissantes, ce texte n’est pas un cadavre exquis :

Ce texte acte la naissance d’un nouveau corps social.

Wilfried Salomé

23/01/2019- L’île.

 

 

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Le Dernier Voyage du Roi

LE DERNIER VOYAGE DU ROI

(Echec et mat : la diagonale du fou)

 

« Quand il y a de la haine, c’est qu’il y a une demande d’amour », aurait déclaré le psychopathe en chef, le cosmonaute hors sol tenant lieu de Roi désuet aux lambeaux de ce qui fut un jour une république, de ce qui fut un jour, lointain, une démocratie (déjà Ô combien imparfaite), j’ai nommé l’hexagone sous le signe duquel nous sommes nés (ou, à tout le moins, que nous habitons, qui est notre lieu, notre commun).

Je ne sais pas vous, mais j’aimerai comprendre. J’aimerai comprendre comment un homme qui se dit être politique peut, à ce point, manquer, à tous les niveaux, de discernement.

Qu’il soit un ego-tripper (ou un égo-tripé) ne fait aucun doute. Mais, ma foi, il n’est pas le seul.  Et puis l’ego peut parfois être un atout, un outil efficace lorsqu’il s’agit de poursuivre ce qu’il est usuel de nommer « un destin ».

Mais enfin !

Comment peut-on, en tant qu’homme, et en tant qu’homme politique, passer à ce point à côté de sa propre destinée, et de l’histoire de son pays ? Comment expliquer autrement que par une pathologie suicidaire l’attitude irresponsable, violente, terrifiante, sidérante de ce qu’il convient désormais de nommer un « ectoplasme robotique » plutôt qu’un être noétique, une « conscience agissante ». Qu’est-il arrivé à cet homme pour que l’intelligence, le cœur et la lucidité l’aient à ce point abandonné ?

C’est donc cela, la « pensée complexe » ?

Se déconnecter de tout affect ? Sa barricader, contre toutes attentes, contre toutes raisons, dans une vision de l’avenir et de la société digne du meilleur des mondes ? Alors même qu’il est, de toute évidence, détesté par l’écrasante majorité des gens qu’il est censé représenter, et que ladite vision est non moins massivement rejetée, non seulement dans notre pays, mais de par le monde ?

Qu’est-il arrivé à cet homme pour que tout bon sens l’ait abandonné, pour qu’il en soit venu à tirer une balle en pleine tête de sa propre humanité ?

Quel phénomène inconscient est donc ici à l’œuvre ? Quel archétype ? De quel NOM est-il ici question ? Quel ressentiment refoulé envers lui-même peut donc pousser un soit disant « chef d’état » à ne pas être en capacité de se regarder lui-même et de saisir, justement, l’état psychologique dans lequel il se trouve ?

L’Histoire est, pourtant, et de manière on ne peut plus limpide, venue toquer à la porte de son palais. La possibilité de se transcender, de prendre une dimension politique et Humaine rare lui fut offerte par un peuple. Un peuple désespéré. Un peuple désespéré porteur, à l’évidence, de valeurs humanistes fondamentales de justice, de libération d’un joug économique ultra-libéral délirant, religieux, dogmatique, fou furieux dans sa froideur déshumanisante du calcul et du rendement. Un peuple désespéré réclamant à cœur, à corps et à cris, de la dignité. Un peuple réclamant à sortir de la sous-vie pour atteindre le bout de la nuit, l’aurore. Un peuple porteur du désir, en dernière analyse, de se sentir exister, de se sentir vivant, porteur d’une soif inextinguible d’une souveraineté tant et tant niée, déniée, asphyxiée, ensevelie sous le mépris de n’être plus que chiffres, forces de travail, consommateurs, spectateurs, plutôt que Citoyens, plutôt qu’Humains.

Comment cet homme doté, nous sommes en droit de le penser, d’un esprit, a-t-il pu ne pas voir, ressentir, l’appel à l’humilité de sa propre conscience ?

De quelle sorte d’acide son âme a-t-elle été aspergée ? L’acide sulfurique corrosif du pouvoir, de l’argent ? Une malformation coronarienne congénitale ?

Quelle que soit son histoire personnelle, son parcours intime, ses fondations idéologiques, cet homme, comme tout homme, avait en lui la possibilité de se surpasser, de dépasser ses névroses, de s’améliorer, de s’ouvrir. La chance, oui, lui fut offerte de bifurquer. De se dresser contre l’injustice, de s’éveiller, de revenir à son humanité.

Il lui aurait suffi de décider, de s’exprimer, de prendre en main une situation. D’être responsable et humble, de descendre de sa tour d’ivoire, d’être capable, oui, de reconnaître ses erreurs, d’allumer les lumières en son for intérieur. Reconnaître ses erreurs, c’est-à-dire, se dresser contre la folie idéologique dont il est issu, la reconnaître, et mettre en accord la vision qu’il a de lui-même et le principe de réalité, d’entamer un processus profond de remise en question, de transformation, d’individuation. Comme un Homme. De prendre, immédiatement, les mesures qui s’imposaient à lui depuis le réel, de changer radicalement de cap. Intérieurement, en premier lieu, politiquement, en second. Quoi qu’il put lui en coûter auprès de ses maîtres, il eut pu, lui aussi, et comme le peuple le lui hurlait dans l’effet miroir, se libérer. Se libérer du joug de l’ultra-libéralisme. Se libérer, en lui, du totalitarisme économique le tenant en laisse.

 « Quand il y a de la haine, c’est qu’il y a une demande d’amour ». Le peuple de France le guidait vers cet amour, vers cette danse, vers cette joie, vers cette réconciliation. Vers la grandeur et la hauteur, oubliée en politique, des sentiments Humains. Le peuple de France, s’il l’eut écouté, aurait pu, symboliquement, lui sauver la vie. Le peuple, magnanime, lui aurait pardonné, si l’acte de transformation réel avait été au rendez-vous.

Sans surprise, cet homme en fut incapable. Incapable du moindre courage, incapable de prendre la moindre responsabilité. Incapable d’être un homme, incapable d’être politique. Incapable d’écrire quelque chose de personnel, de singulier. Incapable de bifurquer. Incapable de comprendre. Incapable d’éviter la tragédie, la fatalité de son propre destin prémâché, pré-écrit pour lui par d’autres, depuis ses origines.

Sans surprise, à côté du temps, à côté de l’Histoire, à côté de lui-même, à des kilomètres derrière le siècle et le millénaire, sa seule réponse fut de noyer les Citoyens, Hommes, Femmes, Enfants, Jeunes, Vieux, Valides, Handicapés, Chiens, Rats, Renards, Gueux, sous une pluie de coups de matraque, de grenades, de bruits de bottes et de gaz lacrymogènes, allant jusqu’à faire couler le sang des yeux des jeunes filles, comme l’on violerait, casserait, déboiterait, pillerait en bande organisée.

Oui, « Quand il y a de la haine, c’est qu’il y a une demande d’amour ». Mais cet amour ne lui est pas, ne lui est plus « destinée ».

La main du peuple était tendue vers lui. Sa réaction fut de la lui arracher par un tir de flash-Ball.

Dès lors « Quand il y a de la haine, c’est qu’il y a une demande d’amour » sonne désormais comme la déclaration halluciné d’un pervers narcissique.

Il ne fait aucun doute qu’en stratège du calcul dont le mépris (pour tout ce qui ne ressemble pas à ce qu’il croit être l’intelligence et la culture et qui n’est en dernière analyse que stupeur ordonnée) est passé du stade inconscient au stade subconscient, le mea culpa de ce petit homme viendra. Qu’il reconnaîtra ses « erreurs », une « mauvaise gestion ». Qu’il promettra, la main sur le cœur, la chemise mouillée sous la douche (pour faire croire qu’il sue et « travaille ») et l’air presque contrit, le retour au calme. L’apaisement. La « réconciliation ». L’égalité et la réconciliation, même. Voir la paix, tiens, pourquoi pas. Mais la paix n’est pas la libération. L’on peut être esclave et en paix. Et nous, contrairement à lui, nous savons que la paix véritable ne peut exister qu’une fois la libération advenue.

Nous n’avons pas peur de ce petit homme, nous le craignons. Nous le craignons justement parce qu’il est petit. Qu’il est obscur. Qu’il est sans grade. Nous le craignons car nous savons qu’il ne peut nous être d’aucune aide. Nous le craignons parce qu’il n’est pas à la hauteur du défi que le pays et, au-delà de lui, l’Humanité a devant elle, qu’elle devra relever dignement si elle veut survivre. Nous le craignons parce qu’il n’est rien. Rien qu’un pantin, un fantoche aux ordres d’une idéologie ultra-libérale ayant déjà amenée la planète entière aux abords de l’effondrement. Nous le craignons car il est encore en capacité de nous faire perdre un temps infiniment précieux. Nous le craignons car son inconscience et son immaturité font de lui un personnage d’une extrême dangerosité, nous en avons désormais la certitude car la confirmation. Pour toutes ces raisons, nous le craignons. Mais nous n’en avons pas peur. Face à lui, nous avons d’ores et déjà revêtu nos manteaux de fous rires.

N’oublions jamais que le désir premier de cet homme était de devenir écrivain, d’écrire une épopée. De marquer l’histoire de la littérature.  Le résultat de ses fantasmes projetés sur le réel sont là pour nous rappeler, s’il en était besoin, à quel point il faut se méfier comme de la peste des artistes frustrés s’étant imaginés géniaux, principalement lorsqu’ils refusent d’admettre leur absence totale de talent.

Qu’importe, désormais, la rhétorique qu’il emploiera, le retournement du retournement du retournement des faits, le double bind qu’il utilisera :

S’il n’est pas officiellement destitué, cet homme a déjà abdiqué. Et ce qu’il a abdiqué, c’est son humanité.

Le dernier voyage du Roi a débuté, et ni lui, ni nous, ni personne, ne peut désormais rien y changer.

Aujourd’hui cet homme, sous nos yeux, s’effondre dans son enfer intime.

Quant à nous, pas d’inquiétude. Nous savons exactement ce que nous voulons, où nous allons, et ce que nous avons à faire.

Echec et Mat pour Dorian Gray.

– Hey !  La diagonale du fou, Kasparov… Tu connais ?

 

Wilfried Salomé

09/12/2018- Lille.

 

 

 

 

 

 

Try ARDEUR / Le Printemps des Poètes

Wilfried Salomé et Clément Pic > Lecture Stig Dagerman / Jack Kerouac

16 Mars 2018 / 19 h/ Printemps des Poètes / Librairie « Le Bateau Livre »/ Rue Gambetta/ Lille.
En compagnie de Jean Marc Flahaut, Ange Gabriele et accompagné à la guitare par Clément Pic, j’ai tenté de faire partager le petit bout d’étoffe, les bribes de Visions que j’ai reçu en hommage ( car la vie est d’hommage) des artistes m’ayant sauvé la vie.

 

Expérience de Vie Imminente

***Je suis à acheter, mais pas à vendre*** ( Eric Alcala)

Voilà. Mon dernier essai, qui est une réussite, est désormais disponible aux Éditions de la RueNantaise. Je ne ferais aucun effort particulier pour en assurer la promotion sur les réseaux sociaux. Je ne l’enverrais pas aux journalistes, je ne chercherais pas a avoir des retours sur les blogs et les sites consacrés à la littérature. Pas par lassitude, non, ni par écoeurement. Simplement parce que ce n’est pas mon job. L’on pourrait m’objecter que nous sommes en 2017, que le monde fonctionne comme il fonctionne, qu’il faut se tailler la part du lion, des trucs du genre. Que je dois être de mon époque. Ceux respectant cette pathétique croyance en l’évaluation, la compétition, et surtout respectant cette sinistre course au buzz façon VRP peuvent toujours, s’ils le désirent, embrasser mon cul. Il fait beau dehors.

Cependant.

Cependant, si vous me croisez a Lille dans un parc public ou une ferme pédagogique, en compagnie de ma fille de 4 ans, je me ferai un plaisir de vous en parler, tout en poussant la balançoire.

Si vous me reconnaissez au zinc, a Lille, il y a de fortes chances que je sois en train de parler de renouvellement formel et de poésie contemporaine en compagnie de Jean Marc Flahaut, ou de rap et d’éducation populaire avec Mwano Mouche.

Si c’est a Belleville, je serais vraisemblablement en train de vider quelques choppes en happy hour au Zorba, tout en discutant de Jodorowsky, de peintures, de cinéma et de mécanique quantique, couvé par les regards amicaux et tendres de Frederi Léotard et Zaïre Souchi.

Si c’est a Marseille, ce sera au Polikarpov cours Estienne d’Orves, a éplucher l’anthologie de la poésie et de la littérature mondiale avec Eric Alcala et Emmanuelle Sarrouy Noguès, en me laissant porter par les mixs de Eve Dahan. Ou au bar de la plaine, avec Frédéric Nevchehirlian. Si il a le temps.

A Bruxelles, je fomenterai la révolution dans les librairies les restaurants chinois et les cafés concerts avec Marie Laure Béraud, à coup de cuba libre, tout en cherchant a croiser Laurent Herrou, Vivianne Perelmuter et Margarida Guia.

A Lyon, je me cacherais de mon ego avec Armand Le Poête et Patrick Dubost.

Vous me comprenez ? J’espère que vous me comprenez.

Cette « Expérience de Vie Imminente » n’est pas qu’un livre. C’est un envol, une vision, une équation existentielle résolue, une porte ouverte. Un basculement. Picturalement, c’est un croquis. Et heureusement. Il est Humaniste, donc il est perfectible. Musicalement, de la deep techno cosmique rythmée par les pulsars. Ce livre n’est pas parfait. Mais en dehors d’Elvis, qui l’a jamais été ?

Ce livre ne parle pas d’Amour.

Ce livre apprend a faire l’Amour à la Vie. A se départir des sarcasmes, du cynisme, de la mélancolie. Ce livre est un pont, une jonction.

Ce livre sauve ma peau. Dissout mon désespoir, me ramène à l’innocence, l’enfance, la gentillesse, les crêpes au sucre et le jus d’orange pressé. Il est, non pas l’aboutissement de mon travail d’écrivain depuis vingt ans, mais le commencement. La littérature a sauvée mon cul, les gars et les filles. Et c’était, il y a vingt ans justement, loin d’être gagné.

A la suite de cette « Expérience de Vie Imminente » et au compte goutte paraîtront d’ici à 2019 des inédits de Wilfried Salomé. Et je peux vous assurer que ça pour en avoir, il y en a. Audios compris.

Ceux que cela intéresse verront alors la progression, le travail abattu, la cohérence, la quête du style, pour le renouvellement et l’auto-définition, la lutte et le combat que j’ai mené toutes ces années contre et avec mes démons, le désespoir, la folie, l’ignorance, ma bêtise et les ombres de l’âme humaine, jusqu’à mon Eurêka. Je me fendrais dans ce laps de temps ( de maintenant a 2019 ) de quelques performances artistiques, vraisemblablement en compagnie des ami(e)s et poètes suscité(e)s plus haut.

Ensuite ?

Ensuite, et bien, je verrais.

Je verrais bien.

Je verrais mieux.

Wilfried Salomé
Lille. 20/04/2K17

Commander « Expérience de Vie Imminente » SALOME_Expce-couv1-mars2017

L’Oiseau bleu ( blanc rouge)

L’Oiseau bleu ( blanc rouge)
Si nous laissons la France aux pseudos patriotes post-dépressifs néo-déçus de toutes obédiences, aux planqués éternels collaborateurs de l’horreur et de la misère qui font la richesse en testostérone patriarcale et en diabète de ce pays historiquement réactionnaire, nous sommes foutus.

L’exception culturelle française, je l’ai dit, je le redirais, se résume à cette évidence : il s’est toujours agi, dans ce pays, pour éviter la catastrophe, des actions et de la pensée volontaire d’une minorité de résistants, aux idéaux par la suite récupérés. Bien sur. Alors, s’il vous plaît, pas d’amalgame. Oui, je revendique moi aussi mon droit au « pas d’amalgame ». Je refuse d’être assimilé, quand il m’arrive de me balader dans les rues de Niamey ou de Barcelone, du Caire, d’Athènes, de Bruxelles ou de je ne sais où, à cette France rance là.

Quand à l’Etat d’urgence, comment vous dire… Mon premier roman date de l’an 2000, ce fameux an 2000 qui n’est jamais arrivé, et il s’intitulait « Etat de Siège ». Ma foi l’Etat d’urgence, c’est l’état quotidien du poète, du véritable artiste quelque soit la forme choisit par lui pour s’exprimer. Le totalitarisme en marche l’est depuis plusieurs décennies. L’on peut donc me demander beaucoup de choses, mais pas d’être étonné. Moi je me ballade dans les rues de ma ville, Lille, dans les rues de la capitale aussi, souvent, et je vais de bistrots en bistrots et je passe mes journées à écrire de la poésie, des romans, des essais ( pardon, des réussites) a rêver à mieux, a aimer mon prochain, la plupart du temps seul, seul d’une solitude a vous forcer a appréhender la transcendance mystique —ainsi que les divers degrés d’ivresse.

Car oui, la « vraie vie » messieurs, mesdames, n’est pas sur les réseaux sociaux. Et « l’esprit français », cet esprit festif, unitaire, humaniste, cet esprit de révolte, de barricades, cet esprit frondeur que vous défendez tant et tant, n’est plus nulle part en ville. Il brûle et se consume dans certains coeurs, oui, encore, encore, encore, et heureusement ( et nous gagnerons en contre sens, et la lumière de la conscience et l’humanité en l’homme reviendra bientôt éclairer les âmes desséchées par la tyrannie néolibérale fasciste des coeurs secs, n’en doutez pas une seconde.) Savez vous seulement que le véritable 1789 eut lieu en réalité en mai 1968, sous forme de tentative de se débarrasser du pouvoir de la bourgeoise capitaliste ayant remplacée le pouvoir aristocratique ?

La véritable question est donc de savoir quand aura effectivement lieu mai 1968.

Ceux là même qui, actuellement, prétendent défendre notre « style de vie » contre l’ennemi, d’abord extérieur, maintenant intérieur, demain chez leur voisin, après-demain dans leur famille, dans une semaine dans leur salon et le regard de leur progéniture, sont exactement ceux que la différence, psychique, de mentalité, de couleur de peau, de couleur de chaussettes, a toujours ontologiquement débecté. Les cathos ou laïcards pathos bien pensants chemisette lacoste centre aéré piano le samedi chorale le vendredi. Je dis cathos ou laïcards et je peux rajouter juifs et musulmans et bouddhistes et tout ce qui vous plaira, à partir du moment où celui qui croit respecte un dogme établit de l’extérieur par la structure étatique et oppressive de la, ou de sa religion (et le marché est aussi une religion) ou de son athéisme forcené. «  L’ignorance est le fort de l’athéisme et la libre pensée en est la guérison », dit Anthony Collins. Car oui, l’Humain, à mon sens, n’a pas besoin de religion ni de maître. De mon point de vue, toujours, c’est l’idée même de Dieu et au delà, l’idée même de CROYANCE qui doit être réformée. N’importe quel être attiré par la transcendance, attiré par le questionnement existentiel, n’importe qui ayant plongé aux tréfonds de lui-même pour tenter d’aborder la vérité, la liberté, c’est à dire un élargissement expansionnel de la conscience d’être, vous dira que « Dieu » est bel et bien ici, en nous tous, certainement pas en dehors.

« Au final, j’aurais préféré être professeur à Bâle que Dieu », dira Nietzsche dans sa dernière lettre connue. Et il avait foutrement raison, pour un type l’ayant perdue.

Car « Dieu » est un bien pauvre mot, une bien mauvaise idée pour essayer de décrire l’Amour, qui est une force impitoyable qui va, une force psycho active révolutionnaire pouvant tout aussi bien rendre fou, dément. Evidemment les mauvais chemins, les pistes trompeuses sont nombreuses, et l’esprit humain retord, bien trop fier, bien trop sur, bien trop fasciné par le pouvoir. Seulement, une chose n’en reste pas moins certaine : Un être transcendé, transvalué, quelque soit le véhicule choisit pour accéder à cette transcendance, ne pourra jamais prôner la guerre, la ségrégation, cautionner la moindre manipulation, la moindre oppression. Celui là aura saisi dans la réponse donnée à son coeur et son âme par les cieux que la question qu’il posait était erronée et, à défaut de pouvoir communiquer un message de paix universel bien illusoire, aura au moins fait de son existence une célébration de la joie, de la liberté, de la danse, de la musique. Tous pris au piège de l’esprit discriminant—disait Jack Kerouac.

Oui, dominants, dominés, dominos, je place pas mal de gens dans le même panier de crabes. Sans oublier, bien sur, et à égal, la trahison de la maison socialiste, cette trahison qui n’en finit plus de trahir. Ah, ces socialistes la gueule enfarinée osant encore te citer le député Baudin sur les barricades, le « Vous allez voir comment on meurt pour vingt-cinq francs ! » . Et les braves citoyens de gauche de bêler il-faut-voter-nos-ancêtres-se-sont-battus-pour-ça et caetera, et caetera… Moutons agneaux bergers et brebis, vous êtes pire que les électeurs du Front National, vous êtes la salle d’attente du fascisme—comme le disait déjà Léo Ferré. Car vous n’avez même pas l’excuse d’être en colère, d’être scandalisé, non, vous êtes le ciment de l’oppression, vous êtes l’oppression corporatiste. Vous êtes, exactement, ce qui permet la montée du Front national. A force de certitudes et de déni, à force de ne laisser aucun espace à une pensée réellement dissidente, à force de vous évertuer a nier le peuple, à force de tuer par l’indifférence l’aspiration de ce peuple à l’harmonie commune. A force de fermer les yeux sur les mendiants, à force de vivre comme si tout allait bien, comme si nous étions en démocratie, comme si la loi du plus fort et la loi du marché était naturelle. Vous sentez la mort par omission d’essentiel, je la respire d’ici, la putréfaction au savon, votre lâcheté incommensurable, insondable, votre lâcheté dont vous n’avez même pas conscience, dont vous ne pouvez plus prendre conscience —car vous fuyant en tant qu’être sensible depuis toujours, depuis trop longtemps.

Moutons, loups et bergers, votre heure de gloire approche, et vous avez raison de vous re-jouir. Foutez vous en jusque là, masturbez vous sur l’innocence des véritables enfants de la nation, ceux dont je fais parti. Nous sommes votre catharsis. Votre Moi idéalisé, vos rêves oubliés matérialisés. Les enfants de la nation, pardon, autant dire votre terreur intime. Car nous sommes porteurs de la lumière de la conscience, de la grâce, de la tolérance, de tout temps porteur de ce qui vous manque : une vision large, extra large, au delà de l’ego, au delà de la soumission pathologique à un « système » qui n’est jamais rien d’autre qu’une manière de penser le monde, qu’une acceptation tacite de l’autorité arbitraire—parce que nous sommes cet avenir qui vous hallucine tant et tant et tant, vous qui n’aimez que l’immobilisme et les cases cochées. Odieux cruciverbistes, ne venez pas pointer la froideur congelé de vos pseudos bons sentiments sous mon nez, ma colère est la seule justifiable et justifiée, comme notre violence verbale est la seule justifiable et justifiée, comme elle est aussi la pire, car elle est seule légitime, comme elle est celle des doux, des enfants, des coeurs purs, des incontrôlables, des ingouvernables, des fous furieux amoureux de la vie et de l’odyssée humaine.

Car nous sommes l’inconscient collectif révélé de notre société, la véritable voix du peuple.

Résister pour ce pays, tas d’aficionados du drapeau, ne signifie pas désigner un coupable, et ouvrir grand la bouche pour recevoir la pensée pré-mâchée — ni écouter en boucle « Can’t get you off my head » un verre de pouilly à la main, la chemise ouverte, à la communion du petit dernier. Résister, dans ce pays, signifie inventer des chemins de traverses, se battre au quotidien, chaque jour, chaque nuit, infuser le contre-poison de l’humour et de l’harmonie dans les esprits traumatisés par le pichet de rosé originel, je veux dire le pêché originel : l’acceptation du viol de l’ enfance et le massacre du coeur, l’acceptation de la souffrance, cette souffrance existentielle originelle que vous fuyez éternellement, que vous ne cessez jamais de vouloir nous faire porter, que vous nous demandez de payer pour vous, dans un pathétique transfert psychiatrique. Résister pour ce pays, c’est accepter l’autre dans tous ces contours, dans tous ces errements, dans toutes ces petites misères, le reconnaître comme un frère. Vous y compris.

Alors de grâce, cessez d’usurper et de brandir un amour que vous ne portez pas. Que vous ne ressentez pas, que vous ne supportez pas, qui est le saint graal que vous cherchez maladroitement et constamment dans les yeux des filles et des garçons angéliques que nous sommes. La terreur que vous assumerez, la pureté que nous assumons— ouais Léo. Nous n’aurons pas tout dans dix mille ans. Nous aurons tout maintenant, et maintenant. Et maintenant. La main tendue je maintiendrais. La main tendue, le poing levé, et le drapeau français. Pour ne pas vous le laisser.

Oui, j’affirme et j’assume  : nous avons tout, maintenant. Ce monde est déjà notre, et voilà bien l’essence de votre panique. Nous les jeunes, nous les dingues nous les cramés nous les alcoolos nous les déviants, nous les poètes, nous les devants, nous la première ligne, nous avons toujours eu raison. Et vous ne pouvez plus l’ignorer. Oh bien sur vous nierez cette évidence aussi longtemps que possible en brandissant des images de BFM TV, vous sortirez le document adéquat du bon porte documents, du bon dossier, vous continuerez tant et tant et tant que vous pourrez a nous classifier, a tenter de nous gouverner, a tenter de nous étiqueter, a tenter de nous rendre invisible. Bien sur. Mais nous avons cette force, celle des Coluche, celle des Philippe Léotard et des Pierre Desproges : « (Nous ne craignons rien) de ce qui vient de vous : (Nous le savons) déjà, cela sera pire ». Nous travaillons, nous aussi, depuis les siècles et les siècles, et nous avons le temps (et la durée) pour nous.

Seulement, seulement, le point de bascule est désormais atteint.

La France que nous aimons est celle des troquets de Belleville et de barbés, la France des zincs à travers tous le pays, la France des créateurs et des poètes, la France des allumés prés à tout, des rêveurs tendres et fous infiniment insubmersibles, les yeux plantés bien droit dans le regard de Dieu lui même, sans dogme et sans intermédiaires. L’on pourra, l’on peut, me reprocher de mettre dans le même sac de noeuds nos dirigeants, nos gouvernants néo-libéraux et ceux qui les élisent, qui continuent à les respecter. Mais il est tout de même question de totalitarisme dans ce pays. Que les intellectuels, les penseurs, ne se fassent pas entendre de manière audible est déjà scandaleux, mais que le peuple lui même refuse obstinément de ne pas ouvrir ses mirettes sur la manipulation à laquelle il est soumis l’est au moins tout autant.

Mais vous ne voyez donc pas qu’on nous enfume encore et encore , comme à chaque fois, comme toujours ? Dans le même but, diviser pour mieux régner ?

Pour faire monter la peur, l’insécurité, pour qu’on se focalise sur le retour du « fascisme » à l’ancienne, celui qui est bel et bien mort, celui qui ne reviendra jamais, et pour nous empêcher de braquer nos regards et notre clairvoyance sur le véritable fascisme en marche, celui qui croît depuis des décennies, en col blanc, le néolibéralisme et sa doctrine assassine, celui qui s’applique chaque jour un peu plus, s’invitant dans nos vies, notre mental, notre moral(e), qui rentre dans la tête des individus pour y déstructurer la pensée, le langage ? Oui le côté  » les nazis » sont de retour est un leurre de plus. C’est à croire que beaucoup de gens aimeraient que ce soit le cas. Les choses au moins seraient limpides et l’ennemi a combattre tout désigné. Mais ce n’est pas le cas.

Le totalitarisme que nous subissons n’est pas fasciste, il est au delà , il est méta-fasciste. Il est pire. Donc le symbole de la croix gammée mixé avec le drapeau français, ça claque, c’est sur. Et, globalement, oui, l’idée est là. Mais la référence au nazisme empêche à mon sens de saisir pleinement la mutation qu’a opéré le fascisme. Nous ne lutterons pas contre ce totalitarisme avec des armes rouillées, une grille de lecture datée. Même si, effectivement, nous assistons dans ce pays à une propagande médiatique digne de Goebbels, et au retour du refoulé vichyste (mais était-il jamais vraiment parti ?), il ne s’agit ici « que » d’un chapitre de plus dans la guerre que mène au niveau mondial, depuis plusieurs décennies le néo-libéralisme ( le méta-fascisme, donc, pour appeler un chat un chat et non un canard en plastique) contre l’être Humain. Et la seule chose que craint ce méta-fascisme, c’est bien d’être découvert, d’être vu, reconnu, d’être nommé, pour ce qu’il est. Comme bâti sur le mensonge, comme se faisant passer pour l’exacte inverse de ce qu’il est (la démocratie) seule la vérité est en capacité de le détruire. Que cesse l’hypnose à laquelle sont soumises les populations, que la plèbe prenne véritablement conscience de qui il est, et le traumatisme subi, la violence provoquée par la résurgence de la lucidité sera en capacité de produire au niveau collectif une résilience positive à même de le vaincre.

C’est en cours.

Sommes nous, encore et encore, si naïf ?

Pour croire encore face à l’évidence du contraire, et alors que les masques tombent un par un, que nous sommes en démocratie ?

Que le peuple est, d’une quelconque manière que se soit, représenté , dans ce pays, par un parti politique ? Et que l’on ne me sorte pas l’argument classique : -mon bon monsieur, voyons jeune homme, vous pouvez exprimer votre point de vue en toute liberté, voilà bien la preuve que nous sommes en démocratie ! Non, qu’on ne me ressorte pas ce leurre egotique pour aveuglé volontaire. Comme l’a si bien résumé Bansky : « Vous représentez un niveau de menace acceptable, et vous le sauriez si ce n’était pas le cas. »

Par exemple, voter FN ou se battre contre le FN représente pour le néolibéralisme un niveau de menace acceptable, car la véritable partie, comme toujours, comme à chaque fois, se joue ailleurs : Imposer toujours plus de dérégulation financière, faire triompher toujours plus la doctrine néolibérale, jusqu’à la solution finale : l’hégémonie parfaite, et l’élimination, psychique en premier lieu, physique en second lieu, de tout, toutes et tous ce et ceux qui dépassent. Si cela doit passer par l’extrême droite au pouvoir et une guerre civile, ma foi, c’est tout bon ! Le but est bien de faire le tri, puisque de toutes façon nous sommes trop nombreux. Le dérèglement climatique finira le boulot, achèvera ceux qui ne seront pas mort de faim ou ne se seront pas foutu sur la gueule sans même plus savoir pourquoi il le font.

Savez vous que toute les cinq secondes un enfant meurt de faim, des conséquences directes de la politique néolibérale ? Qui, ici, pour venir encore me baver les valeurs à défendre de la « démocratie », cette pauvre illusion crasseuse ?

Ouvrons les yeux, retrouvons notre Humanité, c’est le seul chemin qu’il nous reste.

Rentrons de plein pied, fermement, collectivement, tous ensemble sur le véritable échiquier, là où les psychopathes néolibéraux jouent seul la partie donc sont sur de la gagner et, croyez moi, nous représenterons alors une menace qui ne sera plus acceptable.

Et nous le saurons.

Et nous le verrons.

Car nous gagnerons.

Wilfried Salomé.

Expérience de Vie Imminente ( A paraitre, Rentrée 2K16)

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Expérience de Vie Imminente > Extrait.

Initialement, voyez, après avoir longuement hésité entre un thriller érotico-apocalyptique ou pondre une grosse merde narcissique illisible ni faite ni a faire dans le but de séduire les maisons d’éditions mainstream et me positionner, comme la plupart de mes « confrères », en concurrent direct des blogueuses pré-pubères, j’avais l’intention d’écrire un texte concernant (puisqu’on en parle) les expériences de mort imminente.

C’est à dire, plus précisément, d’unir dans la métaphore un individu lambda coincé entre deux mondes, engagé dans ce fameux tunnel au bout duquel semble poindre la lumière irradiante de l’amour absolu et dont personne ne peut se targuer de savoir où diantre il peut bien mener —ni même s’il mène « quelque part » où l’on puisse espérer se faire servir un cocktail correct— et l’état présent du système maffieux néo- fasciste capitaliste financiarisé mondial, plus communément nommé « néolibéralisme » ou encore « capitalisme tardif ».

En effet le néolibéralisme, bien au delà encore de sa doctrine, étant devenu une manière de concevoir le monde, une manière de vivre et d’être ( ou plutôt de non-vivre et de non-être), je défends l’idée que les individus psychiquement impactés par le formatage imposé par la structure de ce qu’il est désormais convenu d’appeler sans ambages un totalitarisme—a savoir, entres autres : aliénation narcissique, soumission à la norme, hégémonie culturelle, management agressif, évaluation, compétition, technologies de contrôle, libido déviée vers la consommation, destruction de l’imaginaire, admiration irréfléchie pour Benjamin Biolay, prise de position pour ou contre Michel Onfray et caetera — c’est à dire, les individus prisonniers dans le système néolibéral compris comme postulat pour penser et saisir le réel sont entrés à sa suite, depuis peu ou prou le début des années 2000, dans la première phase de décorporation d’une expérience de mort imminente.

 

Bon, allez.

Autant vous l’avouer directement à l’apéritif. Puisque nous avons le temps, utilisons le à bon escient. Le but de ce texte est de vous amener tranquillement —doucement mais surement— à la conclusion qu’il ne s’agit en réalité, et en rien, d’une métaphore.

Nous sommes, pour la plupart, suspendus dans les airs, flottant sans en avoir conscience autour de notre futur cadavre, sans plus aucune connexion avec lui. Ni lui avec nous. Nous ne sommes plus qu’un agrégat de chairs et de neurones réagissants à des signaux extérieurs, à des données informationnelles, par simple réaction réflexe. Mais sans plus le moindre libre arbitre. Dans une totale dissociation entre l’être et le faire.

Nous ne sommes plus des esprits vivants, des âmes agissantes. Seuls les hipsters mégalomaniaques et les ésotéristes scientistes persuadés être seuls détenteurs, pour les premiers, de l’humilité et, pour les seconds, de la lumière, tentent encore de nous faire croire que nous allons —si nous les suivons, bien sur— dans la bonne direction. Genre « nous sommes dans le même bateau (mais j’ai la boîte de biscuits) ». Non, si nous étions en bonne forme, cela se verrait dans la rue. Au zinc. Dans le métro, dans le TGV. Au fond de nos rétines.

(…)

La Fin de La Nuit

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Je ne remixe pas
Je ne suis pas vintage
Je ne fais pas du neuf
Avec des vieux
Je reprends les classiques
Je reformule le message
Pour en faire une phrase

Il est temps d’arrêter de surfer
Pour créer une vague

Tout est là
Tout est là
Tout est là
Tout est là sans
Tout est là sans
Etre là

Qui suis-je ?
Qui suis-je ?
Je ne suis personne
Et toi,
Tu suis quelqu’un, toi ?

Je ne suis personne
Mais tout seul devant
J’interpelle
Les galaxies
Je regarde mes rêves
Et mes amis
Les maîtresses et les amants
De mes amis
Droit dans les cieux

Il est temps d’arrêter de surfer
Pour créer une vague

L’amour est une gare abandonnée, non desservie
Tout va bien
L’enfer est à notre porte
Tout va bien
Un monde est mort
Tout va bien
Le suivant peine a émerger
Tout va bien
La confusion est générale
Tout va bien
Tout le monde désespère d’arriver
A passer la frontière

J’ai cru qu’on était arrêté
En pleine campagne
Mais c’est une gare
C’est cette gare

Dans les ténèbres
De la nuit
Je m’engage
Je montre l’exemple
Je m’enfuis
Je lâche les brides le mors
Et les chiens
Je libère mes démons
Ils me protégeront
Contre l’absence de coeur
Le manque d’Humanité
Et le poison de la résignation

Au grand jour, endormi
J’étais mon propre ennemi
En pleine nuit, éveillé
Je suis à présent mon allié

Car, mon ami, il y a pire
Que de ne rien faire, ne rien dire
Il y a qu’aujourd’hui les mots font rire
Quand ils sont sensés
Faire réfléchir

Il est temps d’arrêter de surfer
Pour créer une vague

L’Histoire me dicte
Et se poursuit
La magie est entrée avec moi dans la nuit
Et la raison l’a suivie
Je plains ceux restés dans le train
A admirer les lumières artificielles
Du monde ancien
Leur voyage sans retour a commencé
Je ne pourrais rien y changer
Tout espoir de guérison est illusoire,
Infondé
De ce côté
Oui Mais…
Dans les ténèbres j’ai retrouvé
La mémoire La vérité
La grâce et la beauté
L’amour c’est avoir le courage d’abandonner
Une manière de penser

Je suis un amoureux un résistant
C’est ainsi que j’ai fui
Je suis innocent et
J’ai choisi la Vie
Cela s’appelle l’aurore
Cela s’appelle

La Fin de La Nuit

Qui suis-je ?
Qui suis-je ?

Je ne suis personne
Et toi ?
Tu suis quelqu’un, toi ?

Wilfried Salomé / Photo Frederi Leotard

La Littérature fait reculer la maladie d’alzheimer

La littérature fait reculer la maladie d’alzheimer – Génie Divin II –

Texte publié à l’origine dans le collectif :

Couverture de L'écriture en soi

« Les glissements de terrain prennent des générations à se déclencher. J’essaie d’accélérer le mouvement. »

Marcel Proust.

« Je suis un Proust au pas de course. »

Jack Kerouac.

 

L ‘écriture est un exploit avant tout. Ensuite, c’est un livre (Avant-propos)

S’il existe dans cette vie une chose parmi les plus difficiles à faire, c’est bien de se laisser envahir par la violence du monde, et d’y survivre. Mais nous n’avons pas le choix. Il nous faut affronter la folie du monde pour découvrir nos véritables raisons de croire encore en lui. C’est le seul chemin qu’il nous reste. Le seul par lequel nous pouvons espérer transcender nos douleurs et par-là même modifier la conscience que nous avons du sens à donner à nos existences. Mais pour cela, pour parvenir à réaliser cette métamorphose du plomb en or, il nous faut d’abord admettre une chose : nous avons un cœur immense. Nous avons le cœur gros comme une maison. Pas gros comme une maison : gros comme une cathédrale baroque. Gros comme la Sagrada Família de Gaudi à Barcelone. Et nous avons en supplément dans l’âme un océan de larmes qui, s’il jaillissait, ferait passer la mer Méditerranée pour un jacuzzi. Nous souffrons d’un infini besoin d’amour jamais totalement rassasié, jamais complètement contenté, jamais véritablement entendu. Éternellement nous attendons demain comme prisonnier d’un mauvais sort dans la salle d’attente bondée d’un dentiste. Mais demain, comme le médecin porteur du remède, ne vient pas. Ne vient jamais. Et notre rage dedans continue de nous lancer jusqu’aux tréfonds de nos nerfs et de notre cortex, en boucle répétitive.

Car ce monde ne veut pas répondre à nos demandes d’amour. Au contraire il nous traque, nous blesse mortellement, puis nous achève, pour se repaître de nos rêves. Éternellement inassouvi, notre manque d’amour ne fait que grossir, jusqu’à faire de nous des êtres tristement solitaires. Notre désespoir permet alors à beaucoup de nous traiter d’éternels adolescents un rien attardés, et de les conforter dans leurs certitudes. Les « Adultes » attendent simplement que nos utopies nous passent. Se gargarisant continuellement de leur expérience de la « maturité », ils sont comme ces religieux extrémistes regardant de haut ceux se refusant à croire en leur Dieu image d’Épinal. Ils nous parlent comme ils le feraient aux non-éveillés : avec gentillesse, pitié et compassion. En vérité ils s’adressent à nous avec mépris, conceptualisé en tolérance envers un élève moins doué qu’eux-mêmes et leurs pairs pour l’apprentissage de la réalité. Boys and girls, vous l’aurez compris : je ne fais pas partie de ceux-là. Car si les mots sont le plus souvent des armes de manipulation massive, je les utilise pour ma part comme un électrochoc réveillant la conscience. Oui notre époque est remplie d’une fausse tolérance dissimulant un élitisme nombriliste fétide et une peur morbide de l’amour. De plus, elle veut couper les ailes de ses artistes. En les empêchant de croire en eux, et en les incitant à se soumettre à la culpabilité et au doute plutôt qu’à leur talent, elle désire les empêcher de combattre pour la liberté des populations. Ce pourquoi je laisse les écrivains participant à ce jeu de dupes ; soit les professionnels de l’art pour l’art ; dans leur bac à sable. Je ne sais pas comment ils font pour se regarder en face. D’ailleurs, comment peuvent-ils prétendre posséder une quelconque largesse de vision, alors même qu’ils se trouvent bien au chaud dans mon cul?

 

Ces quarts de talent commencent et arrêtent d’écrire à heures fixes, il paraît. Vous parlez d’une méthode. Ils étudient les fluctuations du marché, dit-on. Ciblent un certain type, toujours le même, qui doit commencer à en avoir sérieusement marre d’acheter tous les bouquins en tête de gondole. Également, ils prétendent haut et fort qu’écrire, cela s’apprend. Certes, certes. Je confirme. Mais alors : pourrait-on m’expliquer pourquoi ne s’attèlent-ils pas eux-mêmes, en premier lieu, aux études ? Il paraît que cela s’appelle le professionnalisme. Les ficelles du métier. Être ou ne pas être. Du métier. « Être du métier », pour ces écrivaillons-là, signifie à peu de choses prés avoir totalement cessé de bander. Avoir oublié l’origine du sens, du son, et du rythme de la vie. Avoir tout oublié du combat pour la vérité et la liberté, mais avoir appris un tas de choses à l’inutilité parfaite. Hormis devenir PROFESSIONNEL tel que la profession d’écrivain est actuellement conceptualisé par des industriels tentant de dicter à l’Art littéraire les lois de leur marché de dupes. Je vais vous dire : les professionnels sont de sinistres adultes qui mouillent leur chemise sous la douche pour faire croire qu’ils ont contenté un harem de diablesses déchaînées durant la nuit. Il faut s’en méfier comme de la peste porcine. Pour être clair ils sont les réels dilettantes. D’où, bien logiquement, leur suffisance. Vous ne verrez jamais un professionnel prendre le moindre risque, poser la moindre question pertinente, énoncer la moindre vérité, et surtout pas s’atteler à la création d’un style novateur personnel permettant de soulever l’époque de sa torpeur apathique. Bien, je ne vais pas en faire dix pages. Sur eux, tirez un trait. Nous n’avons rien à en attendre. Ils ne sont plus avec nous. Ils ne sont plus là. Ils écrivent pour passer le temps. Et nous ne l’avons plus : nous voulons changer les choses. De quelle manière ? Pour aller vers quel au-delà de la connerie ? J’ai ma petite idée sur la question. Je vais vous dire un secret : nous savons tous, potentiellement, voler. Nous sommes tous, potentiellement, des phénix et des anges.

Tout a été dit des solutions à appliquer. Tout a été consommé, mâché, digéré, rabâché. Il nous faut désormais cesser avec la théorie, et passer à l’acte : la renaissance d’un monde. Ou en tout cas sa libération. Nous avons tous nécessité d’un puissant cyclone mental d’air frais. Pour que le soleil puisse poindre derrière l’écran de fumée, une fois retombée la poussière des vieux édifices mentaux détruits. Et par-dessus les gravas consécutifs à l’éclatement des barrières que nous ont légués nos ancêtres humains ayant, par leur mutisme, contribué jusqu’à aujourd’hui à la pérennité de l’horreur. Je vais vous exposer ma vision dans les pages qui suivent. Mais avant toute chose, il vous faut en savoir une précisément : écrire ; à mon sens ; c’est se situer au plus prés de ce que nous ne vivons pas encore collectivement comme il se doit. Le présent. C’est-à-dire : la vie ; mes amis ; la vie. Tout simplement.

 

La genèse du trauma culturel, ou l’apprentissage du langage de la folie

Dés la naissance, nous sommes mal barrés. En soi, sortir de la matrice est déjà un traumatisme d’une profondeur insondable. Non que l’incarnation de l’être-esprit dans le corps vivant relevât de l’erreur ; non. Seulement le degré de barbarie de l’espèce à laquelle nous appartenons étant ce qu’il est, nous n’avons aucune chance de n’être pas traumatisé par l’infinie violence que nous inflige, dés le départ, le monde dans lequel nous débarquons. Certes, depuis ses origines l’Homme est parvenu entre deux massacres à faire du feu et à inventer la roue. Puis la voiture, le train, l’avion et l’iPad. À force de millions d’années d’évolution patiente et acharnée ; il a réussi à créer le monde moderne tel que nous le connaissons. C’est-à-dire à faire poindre la lumière sous laquelle il est probable que s’éteigne notre civilisation. Certes, l’on nous enseigne à l’école que le genre humain donne de temps à autre naissance à des Gandhi, des Martin Luther King, et des Jean Moulin. Par siècle, elle nous gratifie également, avec une parcimonie toute jalouse, de quelques Woddy Allen ou Pierre Desproges. Mais nonobstant ces rares, salvateurs, et cristallins éclats de joie brute à l’état pur ; il n’est pas mentir d’affirmer que cette même espèce engendre en majorité des Mussolini, des Hitler, des Rudolf Hess, et des Pétain. Bref de bien piètres révolutionnaires ou humoristes. De facto, et au fil de nos premières années d’existence, nous l’intégrons dans une terreur sourde et muette : la civilisation humaine s’érige depuis des siècles et des siècles sur la folie meurtrière et par-dessus les charniers remplis d’innocentes victimes. Quant à son temps de loisir, elle le passe entre deux génocides à hoqueter le calembour rance et glauquissime concernant les minorités. Histoire de ne pas perdre la main en période creuse, sans doute. Bref quels que soient nos moyens d’accès à l’éducation, nous le comprenons donc instinctivement assez vite : l’histoire de l’Humanité peut succinctement se résumer à un véritable bain de sang giclant de toutes parts pour asperger les pâquerettes et les bonnes volontés.

Suite à cette prise de conscience, et au sortir de l’enfance – pour ceux d’entre nous ayant eu la chance d’en avoir une – nous nous apercevons alors que les bonnes raisons d’espérer en l’avènement d’un monde meilleur sont bien minces. Pour ne pas dire inexistantes. La haine régnant en tout lieu, nous saisissons que nous prétendre ouvertement sensible aux yeux des autres participerait plus de notre part du suicide programmé que de l’instinct de survie. La colombe de la paix n’ayant de mémoire d’homme jamais fait reculer aucun char d’assaut. Quant à vivre notre vie dans la confiance béate portée à la gentillesse du prochain, l’idée a quand même de quoi provoquer le fou rire nerveux. Elle ne nous effleure même pas. Dans l’image de nous-même renvoyée à nos contemporains, agir de la sorte nous ferait alors à leurs yeux déborder du cadre de la naïveté de la jeunesse. Pour tomber directement dans celui d’une probable addiction aux drogues dures. Alors, par nécessité d’aller de l’avant sans nous en prendre plein la gueule ; paradoxalement nous acceptons le traumatisme subi. L’infinie violence du monde devient pour nous la vérité constitutive et inaltérable de ce même monde. Nous acceptons la loi du plus fort comme étant naturelle car nous désirons plus que toute autre chose trouver notre place au sein du collectif humain. Par cette validation tacite du « manger ou être mangé » nous bâtissons donc, malgré nous, les fondations de notre personnalité sur une base eugéniste. Non par volonté consciente, mais par angoisse du rejet et de la solitude. Nous savons pourtant ce qu’il faut penser des conseils prodigués par la peur. Seulement nous sommes soumis à elle par la force de notre traumatisme fondateur face à la cruauté du monde. Alors pour nous protéger au maximum des hordes de prédateurs supposément tapis dans l’ombre, nous bâillonnons nos velléités aventureuses et barricadons du même coup nos désirs brûlants d’amour et d’harmonie pour le prochain. Malheureusement ; en refusant notre souffrance pour verrouiller ainsi la porte de nos cœurs, nous faisons le jeu de notre traumatisme en le niant, et bouclons la boucle psychologique en devenant alors prédateur à notre tour. Nous figeons notre existence présente dans le passé névrotique de l’Homme, et étriquons irrémédiablement les possibles de notre évolution mentale future. Après nous avoir enfoncé une hallebarde dans le cœur, ce choc psychologique originel a donc pour principal effet de ronger notre lucidité en nous faisant prendre le fait d’aller vers la vie en confiance pour de la pure inconscience. Clairement : nous nous fermons comme des huîtres à l’inconnu, et par-là même à l’expérience joyeuse de notre réel destin.

Bien sûr nous tentons de résister sur la durée à ce virus aveuglant notre sensibilité. Nous gardons en nous notre part d’enfance. Sous l’armure arborée, nous sauvegardons une partie de nos rêves et de nos croyances en la gratuité de la vie et des relations humaines. Mais ne dévoilons plus la vérité de notre cœur et de nos aspirations qu’aux plus méritants. Avec les autres, nous jouons aux profilers amateurs, aux étudiants en morphopsychologie, voire carrément aux apprentis mentalistes, histoire d’être bien certain de leur sincérité à notre égard. Nous ne nous livrons plus à eux que dans la restriction frigide, à la lenteur de sinistres bergers de haute montagne, allant jusqu’à nous imaginer leur offrir le champagne et le caviar de notre être là où nous ne faisons qu’essayer de les faire marcher au bâton. Infiniment convaincu de notre supériorité lucide face à la réalité de la vie, nous les prenons pour des ânes ou des moutons. Car dans les faits, lorsque les conclusions qu’ils ont tirées de l’expérience du vécu ne sont pas compatibles aux nôtres, sur la durée nous jugeons la plupart des gens comme indignes de notre confiance, de notre humanité et de notre amour. En vérité nous ne cherchons pas à connaître la personne assise en face de nous. Nous quêtons uniquement un miroir où pourra se refléter notre ego déficitaire. Notre manque de personnalité sensible ayant été accepté par nous comme étant notre personnalité réelle, nous obligeons l’autre à devenir mieux que lui-même : il se doit carrément d’être nous. Un nous combatif ; lucide ; idéal et parfait. L’axiome manquant à notre théorème intime. Bref et par un étrange renversement des pôles ; plus nous devenons psychorigide et autocentré : plus nous nous imaginons devenir ouvert et tolérant. Une fois notre méfiance face au monde effective et avérée, accessoirement nous prenons donc le risque de passer à côté de la rencontre d’avec un amour ou une amitié départie du calcul. C’est-à-dire la rencontre d’avec l’amour ou l’amitié réel.

Les fondations de notre clairvoyance face à la vie en elle-même reposant sur la terre boueuse d’une vision traumatique imposée de l’existence, nous construisons de facto dans l’âge adulte des châteaux de cartes sentimentaux ne demandant qu’à s’effondrer au moindre souffle de vent. Malgré nos dires ; nous nous sentons pour la plupart étouffés sous la pesanteur de notre quotidien et de nos relations amoureuses. Rien de plus normal. Puisque n’étant que l’alliance de deux traumatismes non-affrontés ; nos histoires d’amour sont dès le départ vouées à la frustration ; puis à l’échec sur la durée. Elles perdurent, au mieux, grâce à la mise en place d’un système de pensée basé sur la certitude partagée de la résistance aux prédateurs. Avoir un ennemi commun ; les autres ; nous permet alors non seulement de souder notre individualité à celle de l’autre, mais aussi d’éluder les réels problèmes. Car même savamment dissimulés sous l’apparence de la maturité ; le vide et le manque sont bien là. Constants, pernicieux, lancinants. Terrassés par une peur infinie de nous-mêmes, ne prétendons-nous pas, en foule et par pudeur, que nos rêves d’amour et d’harmonie de départ étaient irréalistes ? Pourtant la pudeur ; comme la peur ; sont mauvaises conseillères. Elles dissimulent bien souvent la réalité du traumatisme infligée par la violence du monde à notre croyance en une vie idéale et parfaite, c’est-à-dire une vie libre et sans contrainte idéologique imposée. Notre seul véritable pêché est donc une certaine forme de lâcheté. Car éloigné de la sorte de notre vie sentimentale et privée telle qu’elle devrait être ; nous devenons manipulable par des êtres peu scrupuleux. Généralement au sommet de l’état ou de la pyramide d’une quelconque entreprise. Puisque dans le déni de la douleur et de la frustration, notre personnalité à la fois soumise et infiniment narcissique est à notre insu devenue maîtrisable ainsi que prévisible. Transposer en séries de chiffres nos goûts et nos couleurs en matière de décoration intérieure ou de sentiments deviennent alors un jeu d’enfant pour le moindre aficionado de Machiavel. Banco pour les politiques, les publicitaires, et les salauds : le travail rend libre les gogos, la tête à toto remplit sa feuillasse d’impôts et vive Meetic Affinity, la promo du mois et l’amour safe porno pour les blaireaux. Cette dernière phrase n’exprimant que bien peu l’ignoble mépris que vouent en réalité nos Oligarques à notre intelligence.

 

Pour cela, et pour ne pas avoir à affronter nos incohérences intimes ; donc notre oppression ; nous passons notre vie à chercher des moyens de rêver encore au-delà de nous-même. Au-delà de nous-même et, bien sûr, d’un autre prétendument aimé comme nous-même. C’est-à-dire bien mal. Nous avons besoin d’air, ou tout du moins d’une zone de liberté temporaire. Alors nous quêtons la moindre porte de sortie par le biais de l’art. En nous rendant à la Fnac, au Gaumont multiplexe ou à la bibliothèque municipale. Les plus atteints commandent La possibilité d’une île ou La carte et le territoire sur e-bay. Car chacun de nous, même confusément, connaît le goût et la saveur du paradis perdu, et tient par-dessus tout à le retrouver. Qui que nous soyons, et quelles que soient nos préférences, nous nous accrochons aux lambeaux du souvenir de notre rencontre avec la beauté libre et sauvage de l’existence comme des damnés. Comme le dernier pilier encore debout au milieu des ruines de ce qui fut le bastion de nos rêves ; et tel Ulysse ligoté à son mât pour échapper au chant des sirènes ; la nostalgie devient alors notre ultime tentative de contrecarrer l’influence constante sur nos vies de notre trauma originel. Nous nous agrippons à la nostalgie, car sans elle la séparation d’avec notre présent nous deviendrait tout bonnement intolérable. À ce stade, que nous retournions nos yeux vers nous-même, et la souffrance ressentie serait telle que nous plongerions alors dans le désespoir. Comment pourrait-il en être autrement ? De la naissance jusqu’à l’âge adulte, la première science que l’on nous inculque est celle de la haine. Et le premier langage que nous apprenons est donc logiquement celui de la folie.

De la littérature comme d’une tentative de guérison générale, et d’un ange en particulier

Pour la grande majorité d’entre nous, la littérature est perçue comme un échappatoire permettant d’oublier la pesanteur du quotidien par le biais d’un personnage ne se laissant jamais marcher sur les pieds. Ni ne prenant jamais un coup de jus en changeant une ampoule. Une manière d’oublier les problèmes le temps d’une heure ou deux de bronzette sur la plage ou dans le fond du jardin. Avant de se replonger copieusement apaisé dans la fange de la vie réelle. Ou le montant des factures équivaut peu ou prou à celui des agios. Pourtant les effets médicinaux de la littérature sur notre être ne sauraient se résumer à nous permettre de rêver, assoupi dans un hamac, à un monde parfait où nous serions James Bond ; où Nicolas Sarkozy aurait été recalé à un tremplin pour jeunes humoristes ; et où les liasses de 500 dollars tomberaient du ciel. Non. La véritable nature de la littérature est bel et bien l’inverse d’un agréable passe-temps de loisir. Son essence est autrement plus concrète, et sa fonction hautement plus noble. Au-delà du style et de la forme, voire même parfois au-delà du fond, le but ultime de la littérature est de faire nos espoirs incarner leur véritable structure: la réalité. Seulement, et au contraire, par exemple, des mathématiques, il n’est rien de dire que nous n’avons pas tous conscience au même degré de l’influence de la littérature sur nos existences. Ni de son infinie pénétration des différentes couches stratifiées de nos sociétés. Pourtant la littérature berce nos vies depuis le premier jour, et diffuse une logique toute aussi pure que le langage mathématique. Nous pourrions même avancer que là où le langage mathématique formel – c’est-à-dire départi de mots pour aider à sa compréhension – n’existe que de manière théorique, la littérature pallie, elle, à ses propres carcans et lourdeurs constitutionnelles en réussissant à se condenser grâce à la poésie. Sans nous aventurer plus en avant sur ce sujet à part entière, nous pouvons au moins affirmer qu’à l’instar des mathématiques ; et à l’insu de beaucoup ; l’équation déjà résolue dans l’absolu et sporadiquement appliquée du théorème harmonique proposé par la littérature change la face de notre civilisation. Pour tirer progressivement le chariot de l’humanité vers la lumière d’un présent collectif enfin renouvelé.

 

Afin d’appuyer nos dires, prenons un exemple concret parmi les plus parlants ; et récents ; de l’influence du puissant levier de la littérature Mondiale sur la forme de nos sociétés européennes : Mai 68. Ce fameux Mai 68. Dont les médias, les philosophes post-modernes et les politiques se gargarisent périodiquement dans la confusion idéologique la plus totale. Révolte rouge petite bourgeoise responsable du libéralisme sauvage actuel pour les uns (bizarrement de droite), révolution populaire avortée et matée par les représentants du grand capital pour les autres (bizarrement de gauche). Comme toujours la vérité se situe au-delà des modes de pensées volontairement arbitraires et des clivages politiques habituels. En réalité nous devons l’étincelle de Mai 68 à la volonté d’UN homme. Et à la puissance de l’uppercut stylistique novateur d’UN livre. Mao et son petit livre rouge ? NON. Karl Marx et son Capital ? Derechef, NON. Jean-Paul Sartre et son existentialisme ? NON ; voyons… NON encore. NON toujours. Et justement, il nous faut nous déplacer, NON en chine ou en Russie communiste, NON à Paris et au Café de Flore, mais aux États-Unis dans les années cinquante pour découvrir un homme qui a dit : OUI. Expliquons-nous :

Si dès les années cinquante, UN homme, UN seul, n’avait pas réussi, en s’attelant à une épopée littéraire folle furieuse (donc en apparence insensée) à exprimer la vérité de son époque et à condenser les attentes de la jeunesse de son pays, en créant un style inédit nommé « la prose spontanée » ou « littérature de l’instant », il n’aurait pas donné naissance à une génération entière. Par la suite étiquetée « Beat Génération » (la génération du rythme ou de la béatitude, les deux interprétations se valent) par les critiques. Si UN homme, UN seul, uniquement mu par son infinie croyance en la beauté de l’existence, n’avait pas réussi à faire vivre et exister pour et par elle-même sa génération en lui donnant un sens puis un nom dans lequel elle puisse se retrouver ; la beat génération n’aurait pu engendrer les Beatniks. D’où l’histoire nous prouve que découlèrent ensuite les hippies de San Francisco, le flower power, Woodstock, et l’île de Wight. C’est-à-dire : la création d’une nouvelle forme hédoniste de philosophie. En soulevant sa génération à bout de bras depuis les limbes hypocrites du passé pour lui annoncer rien de moins que la fin des temps oppressifs, cet homme a réussi le tour de force monumental, en seulement quelques décennies, à faire basculer un continent entier ; le sien ; les États-Unis. En prouvant grâce à la vitalité percutante de ses mots et de sa vision l’iniquité élitiste, autoritaire et mortifère de sa culture. Par la force immarcescible de son OUI à la vie, et la création d’un style infiniment personnel, il a réveillé et révélé à eux-mêmes des millions de jeunes américains, pour les faire descendre dans les rues. Non pour casser des vitrines, taper sur le voisin ou violer la voisine portoricaine, non. En les sortant de leur torpeur apathique pour les amener dans la lumière du présent et de l’instant, il a tout simplement rappelé à la jeunesse de son pays qu’elle avait le droit de vivre, d’inventer et de se marrer. Est-il utile de rappeler que la France des années soixante avait, depuis la libération, les yeux rivés sur les premiers jeans, les balbutiements du rock’n’roll ; et que tout ce qui arrivait des États-Unis semblait l’être comme en provenance directe d’Eldorado ? Dans l’effet miroir et extension de l’onde de choc, les répercussions de l’effondrement des barrières psychologiques de la jeunesse américaine sur la jeunesse européenne donna donc naissance en France ; petit à petit et en réponse à une culture et une littérature frileuse, rigide, sclérosée et poussiéreuse ; à un profond besoin de renouvellement. Qui connaîtra son apogée lors de la révolte étudiante, puis populaire, de Mai 68. Depuis un autre continent (et quasiment depuis la tombe, puisqu’il mourut en 1969) cet homme, se définissant lui-même comme un « Proust (allant à) cent à l’heure » ou « au pas de course », est ainsi parvenu à redonner de la vigueur, de la fougue, et un sens à une France vivotant sur ses acquis, en cruelle perte de vitesse depuis le siècle des lumières. Sa croyance littéraire visionnaire, et la pérennité de son amour pour l’Homme et la liberté lui ont à elles seules permis de modifier la conscience des peuples européens de manière rédhibitoire. En ayant aussi subtilement, avec patience et doigté, déminé la bombe mentale située à la frontière entre littérature et politique ; cet homme a tout bonnement cartographié le territoire d’un nouveau monde social réalisable ; et dessiné le visage de la littérature occidentale actuelle. Cet homme se nommait Jack Kerouac. Il est l’un des derniers RÉELS anges écrivains recensés. Son livre best-seller s’appelle Sur la route. Et chaque écrivain français, qu’il s’en réclame ou non, a depuis la dérive des continents consécutive au séisme du BIG K été percuté par la vision de Kerouac. Du Djian des années 80 au Guillaume Dustan des années 90 ; de Florian Zeller à Nicolas Rey et de Christine Angot à Michel Houellebecq, tous lui sont redevables. Et aucun écrivain français recensé n’a jusqu’à présent été capable d’égaler son génie, de juter et jouir aussi loin. Ma foi ; une fois n’est pas coutume ; visons la petitesse des arguments proposés à la lumière de ceux qui en ont vraiment. Car sur la route de Kerouac : la littérature française s’y trouve encore. Alors que de son vivant même l’auteur l’avait quittée pour s’envoler vers des cimes plus pures car inatteignables par la bêtise, la littérature française souffle et halète encore péniblement derrière la vision à la fois apocalyptique et salvatrice du Kerouac des années cinquante… Ma foi Paris attend toujours son Satori. Ne jurant que par Louis de Funès, la littérature française se tient les reins à deux mains pour réclamer du viagra et un verre d’eau, histoire de réussir à sauter Marianne pour de bon. Ébaudissons-nous : c’est impressionnant de jeunesse, de résistance et de virilité. Heureusement ; et car travaillant en étroite alliance avec eux ; le temps et la durée sont les alliés les plus sûrs des grands auteurs. Malgré la récupération confuse et politique de la vision poétique quasi mystique de Kerouac, les bases jetées l’ont bel et bien été. Et notre système politique est bel et bien en train de s’effondrer sur lui-même. Pris au piège de son mensonge éventé et mis à jour par Kerouac, ce système révèle progressivement à tous, sous les paillettes, la réelle teneur fécale de sa matière. La crise économique mondiale dissimulant à l’évidence une crise de civilisation autrement plus profonde. Que bien peu de penseurs ; une fois quitté le plateau du journal de 20H de TF1 ; ont encore le courage ; en privé ; de faire semblant de nier. Ce qui, honnêtement, a de quoi nous faire triquer de manière inédite. Certes le message de Kerouac était bien trop novateur pour la vieille Europe, qui n’a pas su le digérer correctement à l’époque. Mais, péniblement, lentement, béquée par béquée, le vieux continent commence à se départir de son orgueil de mégère réactionnaire. Pour se souvenir que quand il veut, il peut ; lui aussi ; avoir du courage et du talent.

Alors ? Pas concrète, la littérature ? Lorsqu’un seul homme, uniquement armé de son talent et d’une machine à écrire, peut en influencer des millions d’autres, et des milliers de créateurs sur plusieurs décennies ? Allons, allons… un peu de sérieux. Car des exemples de l’influence de la littérature sur le monde et les sociétés qui le composent, la littérature Mondiale en regorge. Si plus de quarante ans après son décès Jack Kerouac n’a toujours pas été reconnu à la mesure de son génie visionnaire, Soljénitsyne, par exemple, eut lui la chance d’obtenir le Nobel de littérature en 1970, de son vivant. Et il est désormais reconnu que sa dénonciation des exactions commises en URSS est pour beaucoup dans l’effondrement du mur de Berlin. Au vu de l’effet provoqué sur la conscience des peuples, nous pouvons donc en conclure que les livres les plus scintillants, les plus brillants, ne sont donc finalement que l’expression des desideratas de l’humanité de sortir de l’obscurantisme meurtrier dans lequel elle est périodiquement plongée. Les chefs-d’œuvre de la littérature mondiale symbolisent donc la matérialisation de notre évolution spirituelle collective. Ils sont les oripeaux d’une liberté, d’une vérité, et d’un amour plus vaste, intimement et infiniment ressentis ; puis exprimés pour tous ; par leurs auteurs. Gageons dés lors que les ouvrages que nous nommons « chefs-d’œuvre » ne sont que le miroir où se reflète un territoire possible. Un eldorado encore inconcevable pour la plupart d’entre nous. Nous préférons en effet nous attarder ad vitam aeternam sur nos failles traumatiques plutôt que de nous atteler sérieusement à la compréhension réelle de la beauté de l’existence. À l’étude d’un fond, et d’une vérité communes, dont la réalité nous amènerait alors à nous sentir bien plus en forme. Mais au lieu de cela, et bien tristement, nous passons notre temps à ouvrir grand des yeux de vaches admiratives, pour admirer des pépites abandonnées. Nous les imaginons être tombées du ciel, par magie. Ou avoir été déposées là à notre intention, sciemment, par des extraterrestres. Pour la plupart, toujours, nous ne prenons pas conscience de la masse considérable de travail abattu et fourni par les grands auteurs. Nous préférons étrangement courir dans toutes les directions, comme des atomes devenus fous, à la poursuite de la dernière mode ou de la dernière tendance. Comme toujours nous ne lisons et n’écoutons pas : nous quêtons le remède miracle en poudre ou le grand amour en cachets. Ma foi, rien ne nous empêche d’examiner la structure formelle du Lolita de Nabokov encore et encore, et en long, et en large. Et de disséquer le style du Walden de Thoreau à la pince à épiler. Si nous en sommes toujours à regarder le doigt…

Car que nous enseignent véritablement les grands auteurs par l’intermédiaire de leur génie ? Rien de moins qu’il existe des moments Divins, des territoires vierges et des instants parfaits, comme les accords. Preuve par neuf, ils nous prouvent que

certaines personnes valent à eux seuls l’univers connu et l’univers infini. Ils nous apprennent également qu’il est possible de venir à bout de la souffrance et de la folie du monde. Grâce à leur don visionnaire, puis la maîtrise de leur vision, dans un premier temps ils nous démontrent que la littérature peut être une sorte d’épure de notre structure personnelle défaillante car traumatique. Un moyen de libérer notre espace psychique des avanies formellement subies. En éveillant notre curiosité, les grands auteurs nous testent. Ils soumettent notre personnalité formatée à l’étude d’une forme nouvelle : la leur. Puis dans un deuxième temps ; si tant est que nous passions l’étape et parvenions à nous départir de notre orgueil et de notre ego ; ils nous initient grâce au style à ce qu’est en réalité le langage : un véhicule de savoir et de connaissance nous permettant de progresser vers plus de conscience de nous-mêmes, et de notre condition d’être humain. En nous laissant imaginer que nous sommes sur leurs épaules, ils nous rassurent et nous laissent ainsi, à notre rythme, devenir à notre tour maîtres du feu et des éléments. En épurant pour nous de toutes névroses le langage ; et en nous amenant à l’utiliser à notre façon ; ils nous aident à prendre conscience de la lumière existentielle. Les grands auteurs, en père-manence, nous tiennent la main. C’est uniquement une fois convaincus de notre solide assise vertébrale ; après nous avoir vus faire nos premiers pas sur les rivages d’Eldorado ; qu’ils accèdent à la paix de l’âme et pénètrent enfin le silence.

 

Être au monde, ou avoir l’écriture en soi (Conclusion)

La littérature en tant qu’art brut dispense à l’écrivain un puissant message d’espoir libérateur pour l’humanité entière. Si l’écrivain perçoit ce message sous forme de vision globale clairement structurée, c’est un génie. Sauf rares exceptions, il meurt généralement assez jeune une seringue dans le bras ou une bouteille de rhum à la main, abandonné de tous au sein d’un monde inique. Bien souvent sans avoir eu le temps de transmettre sa vision autrement que par fulgurances désordonnées, nonobstant suffisantes à inspirer une kyrielle d’autres artistes. Si l’écrivain perçoit le message sous forme diffuse, il a du talent. Il fait alors partie de la kyrielle suscitée ; et l’on parle alors, comme nous disions plus haut, d’inspiration venue d’ailleurs (mais où va-t-il chercher tout ça ?). Apprécié par la plupart de ses proches pour le vent d’air frais qu’il charrie ; les chances de survies de celui-là augmentent sensiblement. Comme comprenant sans effort, de manière instinctive, les douleurs intimes du prochain ; il se trouvera toujours une bonne âme au degré d’empathie correcte pour le plaindre. Et donc pour le dépanner sans faire trop d’histoires d’un billet de 50. Qu’il ne remboursera jamais ; bien sûr ; mais c’est tacite entre les deux parties. En comparant les différences de réactions humaines ; d’une part face au génie (je te laisse crever comme un clébard) ; et d’autre part face au talent (je te plains, mais je te paye à bouffer) ; s’impose à nous la conclusion ci-après : la compréhension de l’écrivain par son lecteur ne dépend donc pas de l’acte d’écrire en lui-même ; mais de sa capacité à gérer l’effet miroir. Pour comprendre le message diffusé par le génie, il nous faut donc déjà assimiler sa fragmentation dans le talent. Afin d’espérer saisir le pari aussi fou qu’immensément courageux de la littérature : suspendre l’humanité avec elle dans la grâce, par l’intermédiaire de la vision des grands écrivains et de leurs chefs-d’œuvre intemporels. La littérature ; en culminant dans le génie pour abolir l’espace-temps ; remplit alors sa fonction, nous prouve sa noblesse, et nous laisse percevoir son essence : au plus prés possible de la vie qu’elle puisse l’être, elle laisse à la conscience humaine le choix de l’interprétation et de la liberté.

 

La réconciliation de pulsions apparemment contradictoires permettant de pénétrer le mouvement vital, voilà ce qu’est l’écriture. Grâce à la littérature ; l’écrivain peut espérer aborder, non pas une vérité ultime bien illusoire, mais à tout le moins, et avec certitude : une partie de la vérité. Cette connaissance à la fois de la beauté et de l’horreur de l’âme humaine, arrachée de haute lutte aux cieux, permet ensuite à l’écrivain d’offrir à son lecteur un moyen d’accès réel au monde qui l’entoure. Car n’en déplaise aux fonctionnaires du cœur ; le véritable rôle de l’écrivain est de sauver des vies en faisant apparaître comme par magie une ouverture dans le mur de la prison où la minorité de l’humanité la plus riche ne se lasse pas d’asservir chaque jour la majorité la plus pauvre. Mais afin de ne pas décourager les vocations sacerdotales, et avant de conclure ; il nous faut avouer une dernière chose : malgré les difficultés de compréhension à affronter au quotidien, les batailles à livrer sans trêve ni répit ; les territoires gagnés ; et pourtant sans cesse à reconquérir : le métier d’écrivain est un job parmi les plus gratifiants. Ne serais-ce que pour une simple raison : se battre au quotidien pour la liberté de tous met à l’abri du risque de passer pour un pov’con aux yeux de l’histoire.

Nous avons démontré ici que l’Art littéraire peut-être considéré comme un simple synonyme de la réappropriation de sa conscience, puis de l’apprentissage patient du langage réel ; à savoir départi de notre traumatisme originel face au monde, et de la folie qui en découle. Il serait cependant inexact de prétendre que la littérature se contente de lutter contre l’oubli. Gageons qu’elle fait carrément reculer la maladie d’alzheimer. Il ne nous reste donc plus qu’à remercier nos lecteurs pour leur patience, saluer bien bas nos confrères et, au-delà du titre du présent texte, justifier celui de cet ouvrage collectif : comme toutes formes de connaissance, l’écriture, en soi, est une science.

La science de la liberté et de l’amour. Bien à vous, artisans.

Wilfried Salomé. Marseille. Le Panier. Septembre 2K11.

 

Lettre Ouverte aux Intellectuels, Ecrivains, Penseurs et Artistes Fermés

Messieurs, pardon.

Pardon de vous déranger pendant le tournage de votre dernier film, au milieu des dernières répétitions de l’adaptation théâtrale de votre succès de librairie, les ultimes retouches de votre dernier opuscule prometteur, les préparatifs de votre prochaine conférence sur le thème « désespoir et éthique : un mariage heureux ? » ou encore une quelconque intervention poétique larmoyante sur les ondes de F(raNce) Culture —je dis « Messieurs » car les penseuses, intellectuelles et artistes femmes sont proprement exclues du débat public et, par pitié, ne mégotez pas en me sortant deux ou trois noms convenus.

Pardon, Messieurs, disais-je. Messieurs, pardon. Mais vous ne gesticulez pas innocemment dans le vent comme votre attitude pourrait de prime abord nous le laisser penser. Ce spectacle surréaliste et suranné ayant au moins pour lui de parvenir à dérider les moins regardant parmi les véritables artistes et poètes du pays. De même, vous ne vous contentez pas d’être absent à vous mêmes, dissimulant cette vacuité derrière la stratification de votre expérience. Non, Messieurs.

Vous dansez sur des monceaux de cadavres, Messieurs.

Votre égotisme hallucinant est à la hauteur de votre lâcheté face à la réalité de l’époque. Cette lâcheté étant elle même égale à votre ignorance. Vous ressemblez à ces pauvres DJ ’s 3.0 ne sachant plus rien célébrer que la mort, aux antipodes de l’état d’esprit originel de la House Music. Oui, Messieurs, vous êtes la bande son du totalitarisme, sautillant nerveusement de mots creux en phrases vidées de sens sur des rythmes binaires formatés par l’ordinateur neurophile du système néolibéral. Alors avant que l’Histoire ne le fasse, laissez moi la devancer —et vous renier.

Votre pensée n’en est plus une. C’est une boue fangeuse où vous barbotez comme une sinistre fin de race dans ses excréments. Vous avez une audience médiatique, la possibilité de vous exprimer à des horaires de grandes écoutes— et qu’en faites vous ? Quand fête vous ? Vous nous assommez de votre point de vue sur la situation, vous nous assénez sans cesse et sans pudeur vos masturbations. Terrifiants évacuateurs précoces de toute intelligence : l’heure n’est plus aux effets de manches. La vérité vous ferait-elle si peur, pour que vous vous en soyez, à ce point, éloigné ?

La réthorique mensongère du verbe néolibérale a-t-elle pénétrée si profondément votre conception du langage ? Pour que vous ne soyez plus en capacité de différencier le signifiant et le signifié ? Messieurs, nous n’avons rien a faire de vos pétitions, de vos bons sentiments, et de vos petits gâteaux. Ils sont secs et indigestes. Il est temps pour vous de vous apercevoir de votre décalage avec la réalité, du monde ancien dans lequel vous évoluez, depuis lequel vous vous adressez à nous.

Messieurs, ce pays vit sous la terreur.

Les yeux des gens suppurent la folie et l’oppression. Et vous n’en dites pas un mot. Combien d’entre vous pour prendre position en faveur des roms ou des migrants ? Vos joutes verbales pour savoir qui est ou sera le plus antisémite ou le plus islamophobe nous épuisent. Les gens meurent, partout, enfermés en eux-mêmes. L’humanité se terre sous les couvertures. La votre, d’humanité, est au fond des chiottes. Pauvres lavasses incrédules dépassées, pourquoi ne pas avouer la réalité du monde dans lequel vous évoluez ?

Pourquoi fuir la réalité de son nom : le totalitarisme ?

Facile de s’imaginer résistant rétrospectivement face à l’ennemi nazi en 1939. Mais aujourd’hui ? Face à l’assasinat de la pensée, de l’humanité en l’homme, face aux conditions inhumaines dans lequel ce pays dit « civilisé » laisse croupir sa base, face à la montée sciemment organisée de l’extrême droite ? Où êtes vous ?

Un horizon existe, un monde nouveau se crée chaque jour, mais vous ne l’évoquez jamais.

La France du tous ensemble, en l’état, personne ne me fera ce coup là. Tous ensemble, oui. Mais ensemble derrière qui ? Derrière vous ?

Pour faire quoi ?

Vous semblez découvrir, et vous n’avez pas fini d’apprendre, que le monde dans lequel vous évoluez est mort. Vous défendez une idée de la liberté qui n’est plus qu’une image d’Epinal, d’où votre peur, qui est celle de votre fin, qui est celle d’avoir à appréhender un monde que vous ne connaissez pas, que vous ne bâtissez pas, dont vous êtes exclus.

Vous êtes les plus petits, les plus pauvres de tous.

Vous n’avez plus le pouvoir que sur votre propre matière. La liberté poétique seule fait les évadés, les âmes ayant pénétrées la réalité, hors du concept mental que vous appelez « système » , que vous pensez même, parfois, combattre, en le disséquant, en l’analysant, sans comprendre qu’il est votre propre esprit immobilisé. Qu’il est une forme de penser le monde dépassée, caduque. Nous sommes entre deux mondes, en plein effondrement psychique d’un côté, et au même instant nous assistons de l’autre à l’émergence d’une nouvelle manière de concevoir l’économie, la physique, la culture, le réel, même. Mais le positivisme semble être banni de vos discours, au profit d’une analyse éternellement fataliste et dépressive.

Certes nous repartons du désespoir, mais du votre. Car le désespoir, c’est vous, Messieurs. Ce n’est pas nous. Quand aux attentats, de Colombine au Mali, de la Syrie à Charlie et du 13 novembre au prochain, vous pouvez toujours prier pour que cela s’arrête, et jouer les étonnés. Nous ne sommes, nous, pas étonnés. Meurtris, blessés, atterrés. Mais pas étonnés.

Votre silence apathique vous rend responsable. Vous êtes des collaborateurs de l’horreur, et nous sommes les résistants. Les mutants. Les véritables enfants de la nation. Vos professeurs en Humanité. Et vous êtes nos élèves de fond de classe —nos cas épineux.

Nous, nous sommes magiques.

Nous vivons la magie, nous vivons dans un langage inédit pour vous. Ce pourquoi nous sommes incontrôlables, invérifiables, ingouvernables. Vous ne gouvernez plus que vous même, creusant un triste sillon archaïque où vous périssez. Vous êtes d’anciens modèles, et nous sommes, non pas l’avenir, non pas demain, mais aujourd’hui.

Nos réseaux sont métaphysiques, en dehors de vos pensées, en dehors des datas du système que vous servez. Les mots et le raisonnement seuls ne rendront jamais la réalité accessible, Messieurs. Ce pourquoi rien ne sortira de bon de vous, de sensé.

Nous défendons le pouvoir du rêve.

Et notre rêve est plus concret que ce fantasme dans lequel vous vivez encore, et que nous vous laissons.

De bonne grâce.

Wilfried Salomé. 8 Décembre 2K15.

Le Courage Du Basculement ( There Is An Alternative)

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Ok. Quand les pendules sonneront leur voix stellaires, et que les boulevards traineront plus par terre, tu pourras te lever, dans ce siècle bizarre, disait Léo Ferré dans « Ecoute-moi ».

Bien. S’il me semble évident que les pendules sonnent effectivement leur voix stellaires aux oreilles de ceux voulant bien les tendre, il n’est rien de dire, par contre, que les boulevards trainent toujours, et plus jamais, par terre. Des lambeaux de trottoirs, des fragments de rues. Une défragmentation des villes. Une pixellisation du coeur. Des semblants de gens, aux yeux mornes et vides comme des poissons morts dans le courant. La légion des fils et des filles de putes— c’est à dire les enfants dégénérés de la contre révolution conservatrice, milliers de martyrs de la norme, milliers de petits Reagan, Gates, Branson et de petites Tatcher persuadé(e)s être à la pointe du progrès, chair morte déconnectée à l’âme acidifiée, au coeur absent, à l’esprit virtuel relié à la Matrix.

Keep Calm and Break The Rules, pas vrai ?

Sauf que briser les règles, aujourd’hui, signifie rien de moins que laisser libre court à l’individualisme mortifère terminal, les enfants. Fiers de tout, sur de tout, déjà morts sur pieds, sacrifiés sur l’autel de la relance de la croissance économique. Vos gosses, quoi. Génération 120 journées de Sodome. Violés de parts en parts, fist-fliqués avec votre consentement, sous votre regard attendri de parents protecteurs, d’ esclaves volontaires ayant prostitués de longue date leur corps leur temps et leur humanité à la machine néolibérale.

Tiens, on dirait que j’ai retrouvé mon lance flammes.

Bref, tant pis, cela suffira pour se lever malgré tout. Nous ferons avec les dingues, les allumés à demain, les fracassés de la vie, les poètes éternels, les vrais gens en souffrance, les chômeurs, les rêveurs de tout acabits, les femmes et les hommes célibataires–et les marié(e)s aussi– et contre le patriarcat du fondamentalisme marchand, contre ceux qui se refusent à rentrer de plein pied dans le siècle, a écouter la puissance visionnaire de notre rêve pour le millénaire.

Vous savez quoi ? Des boîtes de nuits vont jaillir par centaines du sol, aux quatre coins du pays, les dieux immémoriaux de l’amour et de la fête vont venir réveiller le coeur glacé des populations, le peuple et les citoyens vont reprendre en main leur destin, les enfants vont développer le pouvoir de liquéfier sur place les robots humanoïdes du système néolibéral, des pulsars divins vont venir éclairer la nuit du temps et de l’histoire—en lieu et place de Partouze Sadienne Mondiale nous allons nous souvenir de ce qu’est un véritable orgasme mental collectif, de ce que signifie être inter-connectés, de la force et la puissance immarcescible que la volonté du collectif engendre. De toute façon nous n’avons plus le choix— ni le temps.

L’époque n’est plus aux compromis, à la réflexion, mais à l’acte, à la pulsion monumentale de Vie face à la terrifiante pulsion de mort d’une poignée de psychopathes à la tête (si je puis dire) des industries pétrolières, automobiles, culturelles, dictant leur loi aux Etats soumis, et j’en passe et des pires autour de la table des Think Tank, des réunions du FMI, et de toutes les organisations inter-étatiques néolibérales.

Je vous préviens d’emblée, je ne vais pas faire dans la dentelle pour faire plaisir à une kyrielle d’intellectuels poussiéreux, d’universitaires décatis, de professeurs de français dépressifs, d’éditeurs frileux, de directeurs de collections sodomisés par la religion du marché, de bobos barbus eunuques rigolards.

ça, c’était bon dans les années 90, quand nous étions encore naïfs, beaux. Beaux et cons à la fois. Quand nous imaginions pouvoir encore inverser la vapeur, changer la donne en douceur, faire évoluer les mentalités, reprendre le contrôle de la situation. Avoir un article dans les inrocks ou passer sur Nova, lutter contre la télé-réalité. Prendre la Culture en main. Mais ça c’était avant. Avant le culte de la bêtise, avant Sarkosy. Avant Cyril Hanouna. Quand nous croyions encore que l’autofiction et la techno-house pourrait mettre un peu d’âme, un peu de coeur dans la machine.

Quand nous étions emplis de bonnes volontés.

Nous ne sommes plus emplis de bonnes volontés. Nous sommes emplis de mauvaises volontés. Nous n’aiderons plus, par notre inconscience de béni-oui-oui et notre déni et notre passivité le meta-fachisme global du système néolibéral.

Quand je dis NOUS, je parle de ceux qui font évoluer la culture dans ce pays, et dans le monde entier, les amoureux de la vérité, les HORS NORMES que le système néolibéral n’a pas réussi à inclure et classifier, a cadrer, a hypnotiser, a normer. Nous les réalisés malgré tout, nous les rêveurs toujours prêt à « délirer sous les cieux ».

Nous les vivants libres et brillants.

Nous les citoyens.

Notre cri volontaire, angélique, remonte du fond des âges, par les béances, les failles telluriques de la réalité conceptuelle virtuelle agonisante pour envahir le monde. Hors du propos maladif, nous projetons notre vision vers le futur, nous le créons dés aujourd’hui, nous plantons ici même, ici bas et ici-haut les graines sans OGM de nos forêts lucides , chatoyantes, verdoyantes. Calmes et fiers et surs et certains.

L’Humanité revient –et nous sommes tous la première nation internationale de la liberté. L’utopie rejoint le réel.

Ecoute, écoute sous le bitume et le béton et les chiffres le murmure hors structure, hors dispositifs, hors cadres te dire :

Ce n’est pas la fin du monde.

C’est la fin de leur monde.